Murielle Kopff-Vérité

La harpe au pluriel


Maitrise et plaisir du répertoire classique

Tout a commencé lorsqu’elle avait huit ans : Murielle assiste à un récital de Lily Laskine, et c’est la révélation. La beauté de l’instrument et la personnalité chaleureuse et très humaine de la célèbre concertiste lui insufflent le feu sacré.

À quoi s’occupent les enfants à cet âge ? Murielle, elle, commencera par dix ans de conservatoire dans la classe d’Annie Challan. Elle y acquiert la maitrise du répertoire classique, consacrée par un premier prix.

Mais comme dix ans dans la vie d’une enfant c’est presque tout une vie d’adulte, elle apprend aussi la percussion. Percussions, c’est un tout petit mot pour désigner la vertigineuse diversité d’instruments : caisse claire, claviers xylo, marimba, vibraphone, timbales, cloches tubulaires, maracas, carillons, taikos, tambourins, sonnailles, berimbau… bref, sans oublier les percussions digitales et bien sûr tous les accessoires. Cela apportait ce qui lui semblait manquer au caractère doux et enchanteur de la harpe : dynamique, groove, puissance.

Murielle Kopff-Vérité
Murielle

Et surtout, c’était une porte grande ouverte sur le répertoire contemporain.

Sûreté technique et qualité du son

À la harpe, Murielle suit alors l’enseignement de Frédérique Cambreling.

Elle affine ses goûts et consolide sa technique harpistique. Le répertoire contemporain lui permet d’atteindre enfin ce qu’elle recherchait dans la pratique de la percussion : les rythmes, la précision et, grâce à de nouveaux timbres et modes de jeu, une véritable originalité. Elle travaille de très belles pièces contemporaines pour harpe seule : Jolivet, Tôn-Thât Tiêt, Holliger, Taïra, Miroglio…

Elle acquiert alors assez d’expérience pour se lancer seule dans l’aventure. Elle interprète Okanagon de Giacinto Scelsi, pièce incantatoire où la harpe amplifiée est abordée avec des modes de jeux innovants (percussions et résonances dans les registres graves et sur la table d’harmonie), qui répondent à la contrebasse et à la percussion. Ambiance chamanique.

Elle est aussi demandée pour participer à de nombreux concerts contemporains en ensembles : pièces de Mefano, Nunes, Scelsi, Escaich, Schmidt…

Parallèlement elle se produit en soliste (concertos de Haendel, Mozart, Debussy) et avec des ensembles de musique de chambre. Sous ses doigts s’éveillent le répertoire classique de harpe (Roussel, Godefroy, Grandjany, Tournier…) et des transcriptions (Bach, Scarlatti, Debussy…).

Elle organise des récitals-conférences avec un musicologue. Elle enregistre plusieurs disques, dont Le Visionnaire, sur des œuvres de Thérèse Brenet.

Alors qu’elle est professeure au Conservatoire régional de Versailles, son directeur lui demande de créer un atelier sur le répertoire contemporain pour harpe à l’intention des élèves de troisième cycle spécialisé. D’ailleurs, passionnée de pédagogie, elle obtient tour à tour son Diplôme d’État puis son Certificat d’Aptitude ainsi que le concours du Centre National de la Fonction Publique Territoriale, pour être nommée professeure d’Enseignement Artistique au conservatoire de Villebon-sur-Yvette où elle enseigne les répertoires divers qu’elle pratique.

Convivialité et sensations

Cependant, malgré ces solides acquis et ces riches expériences, il manquait encore quelque chose au tableau. Une touche de spontanéité, de festif, d’imaginaire inattendu.

Murielle se captive alors pour les musiques traditionnelles. Elle explore le répertoire de musique celtique bretonne ou irlandaise, puis celui de la musique colombienne et vénézuélienne avec la harpe Llanera. Et là, c’est sans pupitre ni partition.

La particularité de la tradition orale réside dans la spontanéité et la convivialité. On ne joue pas seul dans son coin mais en compagnie d’autres musiciens. On écoute, on échange, on improvise. Dans ces musiques, la harpe tient une place virtuose tout en sachant se couler dans l’humeur et la tonalité des musiciens et chanteurs qu’elle accompagne.

Murielle maitrise la musique Llanera et se produit en trio depuis plus de quinze ans avec Consuelo Uribe (chant, cuatro) et Juan Garcia (maracas, flûtes) : le Trio de la Plaine.

Et maintenant ?

Décidément, Murielle n’emprunte pas les voies conventionnelles.

Voici maintenant que, sans interrompre ces enrichissantes activités, notre aventurière de la harpe s’assoit derrière l’unique prototype de harpe électronique MIDI/OSC, une harpe bleu-pétrole solid-body connectée à deux ordinateurs, pour en tirer des sons qu’aucune oreille n’a encore entendus.

Qui s’en étonnera ?

XKTdra, c’est aussi…
Céline Mata  |  Vincent Michel